Pas là pour plaisanter

Des États-Unis au Qatar, en passant par la Suisse, Alioune Tew (26 ans, 2,06m) dit avoir « traversé beaucoup d’adversité », ces dernières années. Le nouveau pivot de Kaysersberg n’a aucune envie de tendre la joue, ce soir face à Lille.

Difficile de percer la carapace. Du haut de ses 2,06m, Alioune Tew n’est ni expansif, ni extraverti. L’image que l’intérieur renvoie, en dehors du terrain, est conforme au rôle de soldat dans lequel il se complaît sur le parquet.

De Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), où il a passé son enfance, au Qatar, où il a atterri la saison dernière, le pivot a toujours envisagé le basket comme un combat. Et la façon dont il décline sa mission, entre « défense, rebond, intensité et dureté », en dit déjà assez long sur sa perception du jeu. « J’ai traversé beaucoup d’adversité, raconte-t-il. Mais ça m’a rendu plus fort. »

« Dès 19 ans, je me suis habitué à vivre loin de mes proches »

L’ancien espoir de Paris-Levallois fait notamment référence à son exil de quatre ans aux États-Unis (2013-2017), où il a connu la « seule grave blessure » de sa carrière, en “junior college”.

Après une première expérience à Price, dans l’Utah, le baroudeur pose ses valises à Santa Maria, sur la côte californienne. Mais il se rompt les ligaments croisés du genou « à l’entraînement », avant même que le championnat ne commence…

Cela ne l’empêchera pas de rebondir 4 000 kilomètres à l’est, l’été suivant, du côté de Niagara (NCAA). En dépit d’un temps de jeu moyen inférieur à dix minutes, Alioune Tew assure avoir « grandi mentalement », durant ses deux saisons au sein de l’élite universitaire américaine.

Lors de sa longue escapade outre-Atlantique, il n’a en outre jamais ressenti le mal du pays. « Dès 19 ans, je me suis habitué à vivre loin de mes proches, confie-t-il. Mais je pars pour les bonnes raisons. Je veux simplement obtenir la meilleure situation possible. »

De cette obsession, est née une autre aventure de quelques mois, la saison dernière au Qatar. Après un passage éclair à Boncourt (Suisse) – où il ne restera que quelques semaines au début de l’exercice 2017-2018 –, le globe-trotter s’envole sans sourciller vers le petit émirat du Moyen-Orient.

Il intègre Al Shamal Doha, « l’une des dix équipes » de première division, « toutes situées dans la capitale » ou aux alentours.

Alioune Tew observe très vite une importante « différence de niveau entre les étrangers », au nombre de trois par club, et les « joueurs locaux ». Sur les lattes, le travailleur de l’ombre n’a pas d’autre choix que de prendre la lumière. « J’étais un leader, je tournais à 13 points et 15 rebonds par rencontre », rapporte-t-il.

Sur place, la vie quotidienne et la culture du pays « conviennent bien » au Francilien de confession musulmane. Mais l’appel de Fabien Drago, l’entraîneur de Kaysersberg, le convainc de regagner la France. « Nous sommes sur la même longueur d’ondes, estime l’intérieur. Il a compris quels étaient mes objectifs. »

« Je ne me laisse jamais intimider par qui que ce soit »

Lesdits objectifs se résument en quelques mots : lutter, coûte que coûte, ne pas se fixer de limites.

Et même si le KABCA s’avancera sans son meneur Willy Berquier (entorse du genou), et peut-être sans son arrière Jonathan Godin (cheville), ce soir face à Lille, en Coupe de France, Alioune Tew refuse de déposer les armes. « Ce n’est pas parce qu’on affronte une équipe de Pro B qu’il ne faut pas se battre, martèle-t-il. Si on ne pense pas qu’on peut bousculer l’adversaire, ça ne sert à rien de jouer. »

Dans la même veine, le pivot de “KB” jure ne pas craindre Rakeem Buckles et ses compères de la raquette nordiste. « Je ne me laisse jamais intimider par qui que ce soit », insiste-t-il.

On le croit sur parole.

Source : DNA, Amaury Prieur (https://c.dna.fr/sports/2018/09/19/pas-la-pour-plaisanter)

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