«Riche de beaucoup de rencontres»

Willy Berquier et Kaysersberg se sont séparés à l’amiable la semaine dernière. Restera l’aventure humaine et l’apport sportif indéniable d’un joueur qui a contribué à faire changer le club de dimension.

Depuis jeudi dernier, Willy Berquier ne fait plus partie du KABCA. La saison 5 de “Willy à KB” n’ira donc pas à son terme. Pour autant, le meneur reste positif. « Peu importe comment ça finit, je ne veux pas alimenter des polémiques qui viendraient entacher ces cinq belles années, il ne faut pas oublier les moments vécus ensemble et tout prendre avec beaucoup d’humilité. »

Le KABCA et Berquier, c’est une aventure étonnante au départ, puisque Willy aurait très bien pu ne jamais fouler le parquet de la salle Faller. « Après mon départ de Gries, j’avais en tête de quitter l’Alsace. C’est Sreten (Cabarkapa) et Seb (Kancel) qui m’ont dit : ça pourrait être pas mal qu’on joue ensemble. Ensuite, j’ai eu un coup de fil du coach. Mais initialement, je n’avais pas eu de contact, je n’étais pas supposé venir à “KB” et eux ne cherchaient pas spécialement de meneur. »

Le Trophée Coupe de France comme marqueur

Malgré un gabarit de poids léger (1m79 pour 69 kilos), les débuts du natif du Mans au KABCA sont pour le moins physique… « On avait fait la préparation physique dans un centre militaire, un truc atypique et qui avait resserré les liens. Porter des troncs ensemble, ça permet vite de savoir qui est qui ! C’était éprouvant, et il fallait se dépasser, agir en équipe. Après, on avait gagné le premier match à domicile contre Lille de vingt points. Il y avait déjà une chouette ambiance dans la salle. Même si on ne l’a fait qu’une fois, pendant des années, le meilleur atout de l’équipe, c’était d’être un vrai groupe soudé, et je pense que c’est pour ça qu’on a renversé un tas de situations loin d’être gagnées. »

En cinq saisons, les souvenirs se sont donc accumulés. Le plus fort reste la conquête du Trophée coupe de France en 2016. « Nous les joueurs on est de passage. Le club existait avant nous, il continuera d’exister après nous. Le seul moyen de laisser une trace c’est de gagner des trophées. C’était chouette de voir tous les gens de Kaysersberg venir en bus à Bercy. C’était symbolique du parcours du petit club que personne ne connaît face à un plus gros club d’une grosse ville avec plus de moyens. On a gagné en faisant un match super abouti, c’était une belle récompense et une belle histoire. »

« Je n’étais jamais tout seul »

Si la montée en N1 est également un grand moment de l’histoire du club, elle ne génère pas chez le meneur les mêmes émotions. « On l’a vécue comme un objectif réussi plus que comme un succès. C’était aussi un rachat par rapport à des play-offs qu’on avait ratés l’année d’avant contre Aubenas avec des balles de match pour la montée là-bas. Et puis avec le final four à Kaysersberg, on s’était tous mis l’objectif d’être champions de France. On est restés très frustrés de ne pas y participer. La montée, c’était aussi le symbole de la séparation avec plusieurs joueurs grâce à qui on en était arrivé là, c’était une double saveur finalement pas cool. »

Willy Berquier restera évidemment aussi lié et marqué par l’incroyable invincibilité à domicile de “KB” pendant plus de deux ans. « On ne se mettait pas la pression, on savait qu’on était carrément en confiance à domicile, on était adroit, on a gagné tellement de matches dans des scénarios si différents qu’on se sentait rarement en danger. Ça jouait forcément sur le mental de l’adversaire, sur l’arbitrage. Les gens qui venaient découvrir la salle savaient qu’il y avait du spectacle, qu’il se passait des choses, que les gars mouillaient le maillot. Tous niveaux confondus ce n’est pas anodin de perdre si peu de matches. »

S’il a souvent brillé, Berquier affirme pourtant ne jamais avoir cherché la performance individuelle. « On n’était pas ce genre d’équipe. Même quand je scorais ou passais, je n’étais jamais tout seul. Il y avait toujours un gars avec la main chaude ou qui avait pris des rebonds importants, on était toujours bien aidé par le collectif. Tout était mis en place pour que les leaders de l’équipe, comme Sreten ou moi, on soit dans les meilleures dispositions. »

« Un club simple »

Et puis, comme dans toute histoire de sport, le plus important restera sûrement l’aspect humain. « C’était un club familial, notamment lors des quatre premières saisons, mais qui avait quand même les dents longues. C’est le genre de parcours qui plaît beaucoup dans le monde sportif. Les gens adoraient qu’on batte une grosse équipe comme Berck de trente points. Cet esprit de famille faisait partie des raisons pour lesquelles on se sentait bien. »

Là encore, les souvenirs resteront vivaces : « Je pars riche de beaucoup de rencontres. Les gens ont toujours été super chaleureux. Je retiens les supporters plus que fidèles, qui m’ont amené des cadeaux, des chocolats, avec toujours des messages ou des mots gentils après les matches, le kop qui a fait peur à plus d’une équipe adverse. Et bien sûr la petite Wendy qui a dû me faire plus de 200 dessins pendant toutes ces années ! “KB”, ça restera plein de petites choses hyper sincères, sympas, hyper simples. C’est ça que j’ai toujours aimé, c’est un club simple. »

Source : DNA, Guy Thomann (https://c.dna.fr/sports/2019/02/05/riche-de-beaucoup-de-rencontres)

 

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