Et vogue la galère

On serait dans une série humoristique sur le basket, c’est le genre de situation qu’on qualifierait de running gag, ce terme anglais qui désigne un comique de répétition. Sauf que là, le sketch qu’on pourrait intituler “Mon équipe en peau de chagrin” ne fait plus vraiment rire du côté de Kaysersberg, et en tout cas pas Fabien Drago.

Pour son déplacement à Vitré, “KB” sera en effet de nouveau privé de Drungilas (qu’on ne reverra plus puisqu’il est suspendu jusqu’en septembre), ainsi que de Godin, Mendy et Buttner, toujours blessés. Mais comme cela ne suffisait pas, l’entraîneur du KABCA nous raconte le reste : « Abdoulaye Ndiaye, qui a admirablement repris du service samedi dernier, a de nouveau de l’eau dans le genou et est de nouveau out. Et puis, cerise sur le gâteau, hier soir, juste avant de partir, on a reçu un mail de la fédération nous informant que Laurian Tarris allait purger ce week-end son match de suspension après sa troisième faute technique ! On a pratiquement un cinq de base absent. On cumule et on assume, mais il faut vraiment être très philosophe en ce moment. »

Surtout que les solutions de rechange sont pour ainsi dire inexistantes. Si le jeune Jean-Pierre Da Silva réintègre le groupe, Guillaume Beyl, en vacances, ne pourra pas dépanner cette fois.

« On va jouer à six »

De quoi ajouter à la déception engendrée par l’issue défavorable du match contre La Rochelle, qui plombe sérieusement les chances haut-rhinoises d’accéder aux play-offs.

« C’est quand même extraordinaire ce qui arrive quand on voit qu’on est dans le match et qu’on l’a en main pendant 39 minutes. Comment on réagit ? En se disant qu’on a la poisse, que c’est comme ça depuis le début de saison et vivement qu’elle se termine ! Au-delà du résultat, c’est frustrant et pas agréable. Au lieu de se faire plaisir au complet et de savoir qu’on peut chercher encore plus que le maintien, on sait qu’on est limité. À Vitré, ça va être compliqué. On part avec Alioune (Tew) , Amadou (Diagne) et Jermel (Kennedy) dans la raquette. José Djadjo va avoir du temps de jeu, mais on va jouer à six. »

Le technicien rend donc hommage à ses survivants. « Je pense qu’au complet, on pouvait devenir un épouvantail pris très au sérieux et respecté par nos adversaires. Ce que font les gars en ce moment est remarquable, avec les deux victoires à domicile, celle qui serait probablement passée le week-end dernier avec un banc un peu plus profond, et la défaite de deux points à Tours, énumère-t-il. Kevin (Walter) cumule les postes en montant la balle, en affrontant de grosses pressions défensives tout en étant présent sur le scoring. Jermel (Kennedy) a aussi droit à des traitements de faveur avec souvent deux joueurs sur lui. On a payé samedi dernier, on va probablement payer demain (ce soir). »

Dans ces conditions, pour pasticher ce que fait dire Molière à Géronte dans Les fourberies de Scapin , on peut se poser la question suivante : “Mais que diable vont-ils donc faire dans cette galère ?”, sachant que le groupe est parti hier pour ne revenir que demain…

« Donner du temps de jeu aux jeunes, leur permettre de continuer à éclore, répond Fabien Drago. Après, c’est compliqué. Je culpabilise par rapport à ce voyage et à la situation dans laquelle les joueurs valides vont évoluer. En même temps, c’est comme ça, ce sont de mauvais moments à vivre. Il faut attendre des jours meilleurs, relativiser. Et se répéter que l’essentiel est fait. »