Bourblanc, le diamant brut

Fabien Drago, son entraîneur, évoque un « garçon au formidable potentiel ». À bientôt 19 ans, Hugo Bourblanc (1,88m) présente des facilités que beaucoup de basketteurs pourraient lui envier. Le jeune arrière de Kaysersberg doit désormais développer son « QI basket ». Rencontre.

On a rarement entendu Fabien Drago se montrer aussi élogieux à l’endroit d’un joueur. Habituellement pondéré, lorsqu’on l’invite à vanter les qualités de ses hommes, l’entraîneur de Kaysersberg n’hésite pas à multiplier les superlatifs, au sujet du jeune Hugo Bourblanc. « C’est un garçon au formidable potentiel, comme on en a parfois dans un club, souffle le technicien. Il a une faculté à attaquer le cercle très vite et possède en plus une bonne détente. C’est un extérieur adroit, qui peut se créer son propre tir, à mi-distance ou à trois points. Il sait tout faire avec un ballon. On a de la chance qu’il soit chez nous. »

« Saisir les opportunités »

L’arrière du KABCA n’a pas encore eu tout le loisir d’exprimer son immense talent en Nationale 1. Et pour cause, ses apparitions, en quatre journées de championnat, ont été plus que limitées (9 minutes de moyenne sur le parquet). Samedi dernier face à Orchies (97-94 a.p.), il a su rentabiliser son passage éclair, en convertissant trois lancers francs importantissimes en prolongation. « Je suis resté dans ma bulle et je me suis appliqué pour finir mon geste, raconte-t-il. J’ai fait en sorte de rester serein pour sécuriser notre succès. »

Pour l’heure, le garçon se cantonne à des objectifs simples : se mettre « au service de l’équipe », tout en essayant « de saisir les opportunités et de gratter le plus de temps de jeu possible ».

Ce discours sobre plaira, sans doute, à Fabien Drago. Le coach de “KB” aimerait justement que son “rookie” « apprenne à se canaliser ». « Il doit faire de meilleurs choix et n’amener de la folie que lorsque l’équipe en a réellement besoin. C’est ce qu’on appelle le QI basket. Tu ne peux pas construire une victoire en ne jouant qu’à l’instinct. »

« Il faut que je progresse dans la lecture des situations, que je sache quelle passe je dois faire, quelle décision prendre, acquiesce l’intéressé. Fabien (Drago) me reprend assez souvent à l’entraînement et ça m’aide vachement. Je suis assez content de mon début de saison, mais il y a tout de même eu une ou deux entrées en jeu qui ne m’ont pas satisfait. Avec le temps, je serai plus à l’aise. »

Une enfance en Allemagne

Né d’une mère parisienne et d’un père allemand, Hugo Bourblanc a grandi outre-Rhin. « J’ai vécu à Breisach, à la frontière, jusqu’à mes 14 ans », raconte-t-il.

À l’époque, l’adolescent parlait « presque couramment » la langue de Goethe. « Mais depuis que je suis parti, j’ai perdu un peu », sourit-il.

Cela fait un moment, déjà, que son cœur a penché pour la France. Et la balle orange n’y est pas pour rien. Formé à l’Union Centre Alsace Basket (UCAB) et à Dessenheim, l’extérieur surdoué a rapidement été enrôlé par Kaysersberg, le club phare du secteur. « C’est ma troisième année au KABCA », précise-t-il.

D’abord envoyé en réserve (Prénationale) pour se faire les griffes, cet attaquant racé est sorti de l’ombre la saison dernière. « Durant la deuxième phase de N1, l’équipe comptait beaucoup de blessés, rembobine-t-il. J’ai pu obtenir ma chance et montrer ce que je savais faire. »

En dépit d’un gabarit plutôt frêle – qu’il « renforce en salle de muscu » pour gagner en « impact physique » –, l’arrière a prouvé sa capacité à se rendre utile des deux côtés du parquet. « Il a appris à aimer défendre et ne rechigne pas à se sacrifier », note Fabien Drago.

Il est « apprécié » par ses coéquipiers

À entendre l’entraîneur, le diamant brut de l’effectif est également « apprécié » par ses coéquipiers. « C’est quelqu’un qui accepte les règles imposées par les anciens, qui porte les maillots et les bouteilles d’eau sans se plaindre. »

Le coach est donc formel : Hugo Bourblanc a toutes les cartes en main pour « viser la place de Kevin Walter » – le titulaire du KABCA au poste 2 – « dans les années à venir ». Détenteur d’un bac STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable), celui qui habite désormais à Colmar se « donne un an pour voir » jusqu’où le basket peut le mener. « J’espère évoluer au plus haut niveau possible », glisse-t-il, sans forfanterie aucune.

Tout laisse à penser qu’il a le droit d’y croire…

 

Source : DNA, Amaury Prieur.

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