À coup sûr, le palpitant des supporteurs de Kaysersberg a été mis à rude épreuve samedi soir face à Orchies. Dans cette rencontre de fous, « KB » a fini à force de volonté par faire plier son adversaire 97-94 a.p. Et surtout se prouver qu’il pouvait gagner sans ses blessés.
Si Hitchcock, Brian de Palma, Mary Higgins Clarke et tous les maîtres du suspense avaient pu être conviés en VIP samedi soir salle Faller, ils auraient certainement applaudi des deux mains à un scénario digne de leurs œuvres. Sur le thème « J’ai gagné un match que j’avais perdu après l’avoir gagné », le KABCA a fait fort. Et bien malin qui aurait pu affirmer avec certitude avant le dernier coup de sifflet final qui allait endosser le rôle du « tueur » et à qui allait échoir celui de la victime dans ce face-à-face crispant.
7 joueurs au-dessus de 10 points
Les 30 dernières secondes du quatrième quart-temps ont juste été insoutenables pour l’aficionado de « KB » normalement constitué. Alors en tête, Kaysersberg se fait chiper deux ballons qui permettent à Orchies de passer devant et de compter trois points d’avance. Les Nordistes plantent dans la foulée un troisième coup de couteau en volant la balle sur la remise en jeu kaysersbergeoise. Trois points de retard à 5 secondes de la fin avec balle dans les mains orchésiennes… on sait désormais qui est le meurtrier et qui est la victime ! Sauf que… Weisbrod pique à son tour la balle dans les mains nordistes et obtient la remise en jeu avec 4 secondes à jouer. Un ballon dont hérite Laurian Tarris qui raconte la suite : « Ce qui se passe, c’est qu’on doit normalement donner la balle à Kevin (Walter), mais ils le « coupent ». Je prends la balle, ils essayent de faire faute sur moi mais n’y parviennent pas. Après, je dribble, je m’arrête en position de shooter à 3 points parce qu’il ne reste plus de temps, et ça rentre ! On ne va pas cracher dessus. Je ne sais pas si ça nous donne un autre élan, mais derrière on a encore 5 minutes à faire sérieusement. C’est ce qu’on a fait pour prendre le match. » C’est donc le Perpignanais qui endosse finalement le rôle du « killer », tout en refusant de tirer la couverture à lui : « C’est clairement complètement une victoire d’équipe. On a 7 joueurs au – dessus de 10 points. Ce n’est pas forcément toujours joli à voir, mais on s’en fout. Si toute l’année, on fait de matchs pas très jolis, qu’on gagne et qu’on se maintient, je signe de suite. On s’est vraiment battus, on n’a rien lâché. C’est ce qui fait notre force, on l’avait déjà montré contre Rueil où ça n’était malheureusement pas tombé du bon côté. Pour l’instant, on fait avec les moyens du bord et ce n’est pas trop mal, malgré la petite déroute au Get. Il faut qu’on reste concentrés et qu’on continue de travailler parce qu’on a encore une belle marge de progression. »
Un « 5 » inédit pour finir
« Avec Godin, Diagne, Tarris et Weisbrod sortis pour 5 fautes, « KB » a fini la prolongation avec un 5 inédit composé de Bourblanc, Buttner, Days, Brusokas et Walter. Le rôle de l’entraîneur ne concernait donc plus les rotations, mais restait essentiel : « C’est de ne surtout pas montrer de panique, de rester calme, d’essayer de donner du sens à tout ça », indique Fabien Drago. « On est dans le match, il n’y a pas à s’énerver. Il faut de la sérénité, de la confiance, montrer aux joueurs qu’on est ensemble et qu’on va aller au bout. C’est aussi le rôle d’un coach. Le match est lancé, il n’y a pas forcément grand-chose à dire. Il faut aller au bout de ce qu’on veut faire, renverser la situation et l’emporter. C’est tout ce qui compte alors. »
« À un moment donné, il faut du sens à ce qu’on fait »
Ce qui est sûr, c’est que cette victoire est essentielle après trois défaites consécutives lors de matchs qui étaient « prenables ». Et que moralement, un quatrième revers dans de telles circonstances aurait forcément laissé des traces : « On avait déjà perdu contre Rueil après prolongations. Si on avait lâché celui-là, il aurait fait mal à la tête » avoue un Jonathan Godin exemplaire qui rend hommage à ses partenaires. « Mais on a su le chercher. Les rotations nous ont apporté énormément. Amadou (Diagne), Maxime (Days), et les jeunes, Arthur (Buttner) et Hugo (Bourblanc) qui a été énorme à la fin. Il va chercher des rebonds provoque des fautes, met 3 lancers sur 4, alors qu’il n’avait pas joué du match. Tout le monde a apporté, c’est top. »
Quant à l’importance de ce succès, il saute aux yeux de tout le monde, et notamment de Fabien Drago : « Je le place à un niveau tout à fait particulier. On a été le chercher au courage, au forceps. La victoire était importante, parce que comme je le dis depuis un moment, les joueurs la méritent. Les mecs travaillent, sont concentrés, studieux, mais il fallait être récompensés parce qu’à un moment donné, il faut du sens à ce qu’on fait. Et dans ce domaine, on est arrivés au summum sur ce match. Il y a eu du suspense, de la peur et on pense à un moment donné avoir perdu la rencontre. Globalement, c’est un match d’équipe énorme, et la récompense est pour tout le monde. »
Surtout, samedi, Kaysersberg s’est ôté de la tête une idée pernicieuse qui aurait pu commencer à vriller le cerveau des joueurs avec un nouveau revers : impossible de gagner sans être au complet. Cette hantise-là a vécu. Et c’est tant mieux parce qu’il va encore falloir jouer sans Rosaire Malonga et David Acker pendant encore quelques longues semaines.
Source : L’Alsace, Guy Thomann
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