Saison blanche : les réactions des clubs alsaciens

La Fédération Française de Basket a décidé d’annuler la saison en cours pour tous les championnats qui ne concernent pas les professionnels. Les clubs alsaciens concernés par une descente et, même par une montée, y adhèrent.

l y en a quelques-uns qui peuvent s’estimer vernis. Mais aucun n’a envie de renverser la table, de piquer sa crise et de contester une décision, a priori inéluctable alors que l’Hexagone s’impose un confinement pour lutter contre un terrible virus. Le monde du basket a sans doute une certaine idée de la décence dont certains pourraient s’inspirer. De septembre 2019 à mars 2020, on aura joué pour rien puisqu’avec l’impossibilité un peu plus assurée chaque semaine de terminer la saison, la FFBB a choisi de transformer l’exercice en cours en saison blanche.

« Le but, revivre une saison sympa »

« On est passé d’une logique normale, où on préparait notre déplacement à Challans (en play-down), à une situation que personne ne pouvait anticiper avec des annonces au compte-gouttes. Le scénario acté par la fédération est celui qui était envisagé par les clubs de Nationale 1, indique Fabien Drago, l’entraîneur du KABCA en galère dans son championnat jusque-là. Lors d’une consultation, vingt-cinq clubs sur vingt-huit s’étaient prononcés pour une saison blanche même si leur avis n’était que consultatif. Le mot qui est le plus ressorti à ce moment-là c’est ‘‘équité’’, ce qui voulait dire pas de promotion ni de relégation. J’ai aussi une pensée pour les clubs qui étaient bien placés en N2, comme le WOSB, mais tout le monde subit la situation. »

Dans l’Entente, on ne se fait pas une montagne de cette injustice. Le WOSB aurait dû en passer par des play-offs pour décrocher son ticket dans l’ascenseur et ses responsables ne faisaient pas de la N1 une obsession. Un échelon plus bas, Weitbruch, dans le sillage de Rixheim en N3, se refuse à crier au scandale alors que d’autres combats bien plus significatifs se mènent partout. « Il y a des priorités en ce moment, notamment la santé des gens, souligne son entraîneur, Joseph Huffschmitt. Le basket passe au second plan, c’est normal, et on aura de toute façon fait un très bon championnat. C’est la satisfaction qui domine, pas la frustration, et on prépare déjà la saison prochaine avec l’envie d’être meilleur encore. » Les tragédies en cours permettent de relativiser un classement, un résultat ou même l’absence de sanction ou de récompense.

« On est déçu, même si on s’était un peu résigné par rapport à la situation, indique l’entraîneur de la réserve féminine de Furdenheim, Manu Nerome (et non pas Guillaume Vidot comme indiqué par erreur dans ces colonnes dans notre édition du 27 mars) , en bonne position pour accéder à la N2. Ça ne doit pas masquer les efforts que l’on a réalisés pour vivre une saison presque idyllique. Le but, maintenant, est de revivre une saison sympa, sachant qu’on est aussi dans un processus de formation. Le plus embêtant, c’est pour les ‘‘anciennes’’, à qui je demande toujours beaucoup d’efforts. »

Les principaux acteurs alsaciens du basket fédéral privilégient une forme de lucidité. « La priorité, c’est d’abord de revenir à une vie normale, considère Olivier Letzelter, le manager sportif du Basket Club Nord Alsace, deuxième de sa poule de N2 féminine. En ce moment, on a quand même tendance à relativiser l’aspect sportif. Même si les filles sont des compétitrices et qu’elles seraient bien allées chercher les play-offs, elles restent hyperlucides. Et la décision a le mérite de tomber suffisamment tôt pour préparer la suite. » En l’occurrence, chez les ‘‘Pinks’’, la voie est tout tracée avec la volonté de capitaliser sur un exercice réussi et la possibilité de s’appuyer sur un gros vivier.

« Si on était descendu, cela n’aurait pas été un drame »

Et le verdict fédéral ne fera finalement pas que des perdants en Alsace. En N3 masculine, cinq équipes de la région – Sélestat, Schaeffersheim, Gries II et la SIG II, Dessenheim – devaient aborder la dernière ligne droite avec le spectre de la relégation au-dessus de la tête. Il ne s’agira pas pour elles de digérer une descente en même temps qu’un environnement si angoissant.

« C’est une décision logique qui va dans le bon sens, estime Martine Corrado, la présidente de l’ASL Dessenheim éprouvée par ces temps de pandémie de coronavirus. Dessenheim, c’est un petit village, et si on était descendu, cela n’aurait pas été un drame, on se serait battu pour remonter la pente. C’est une bonne nouvelle pour nos joueurs qui forment un groupe solidaire, très uni. Et pour nos supporters. Depuis deux ans que je suis à la tête du club, ils ne nous ont jamais lâchés. On joue toujours dans une salle pleine. Et même contre Montmorot (87-85) , lors du match à huis clos, ils ont accueilli les joueurs devant la salle avec tambours et trompettes. Ils sont formidables. »

Alors que le cadre sportif est désormais plus clair, il leur tarde assurément de ressortir leurs instruments pour rythmer les dribbles et les paniers. Cela voudra déjà dire qu’en dehors des salles, le pire est passé.

La Coupe de France passe (aussi) à l’as

Qualifiée pour les quarts de finale de la Coupe de France avec un éventuel match face à Limoges, la SIG n’aura pas l’occasion de garnir ses vitrines à trophées cette saison, à moins d’un (très) hypothétique titre de champion en fin de saison. En effet, la FFBB a décidé d’étendre aux coupes qu’elle organise sa décision de mettre un terme aux championnats en dessous de la Pro B et de la Ligue féminine.

« C’est une décision qui, en quelque sorte, avait déjà été actée avec la décision d’annuler le plateau de Trélazé ( qui devait désigner les deux finalistes ), souligne Martial Bellon. Je ne suis donc pas surpris par ce verdict. » Le président du club strasbourgeois considère que pour la suite et l’éventuelle fin de la saison dans l’Élite, « l’important est de ne rien décider parce que rien ne se fera tant que l’État ne redonnera pas l’autorisation de jouer ». « Et l’enjeu actuel le plus important, c’est la santé des gens », conclut le président qui a lui-même été placé en quatorzaine en mars en raison du COVID-19.

Source : DNA, Francçois NAMUR et Julien-Thomas WILL

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