Faute de visibilité financière en cette période de crise sanitaire, Kaysersberg a choisi de réduire sa masse salariale (240 000 euros contre 320 000 l’an dernier). Fabien Drago, l’entraîneur de “KB”, est malgré tout parvenu à composer un effectif équilibré.
« Vitesse, force, puissance, habileté technique… » Laurent Bicart, coach adjoint et préparateur physique de Kaysersberg, a commencé à « évaluer les joueurs », ce mardi, « après cinq mois d’arrêt ». Arthur Buttner, le jeune meneur local, a ainsi pu faire admirer sa pointe de vitesse, lors d’un exercice chronométré à base de dribbles, de courses, de passes et de doubles pas.
Daryl Nérée, le nouvel intérieur de “KB”, a pour sa part remporté le concours de « détente sèche » (67 centimètres), qui consistait à accrocher un… post-it le plus haut possible sur le panier. « Je saute assez haut », sourit la recrue, tout en promettant du « spectacle » aux supporters du KABCA.
À sept semaines du coup d’envoi de la N1, le 3 octobre à Boulogne-sur-Mer, le staff vigneron a opté pour une reprise ludique. Les premières vannes entre joueurs ont naturellement fusé, sous le regard amusé de Fabien Drago, lui aussi d’humeur badine.
Dovydas Redikas, le « maître à jouer »
L’entraîneur n’est pas mécontent de sa composition d’équipe, en dépit des restrictions financières avec lesquelles il a dû composer. En cette intersaison inhabituellement longue, il a construit son effectif autour d’un « axe 1-5 (meneur – pivot) » constitué de Dovydas Redikas et Melvyn Govindy, deux éléments arrivés en cours de saison dernière. Le premier (27 ans), entrevu en sélection lituanienne dans les catégories jeunes (*), aura les clés de la maison et a même été consulté pour le recrutement. « Il sera notre maître à jouer », résume le coach.
Le second (22 ans, 2,12m), formé à Cholet et un temps scruté par quelques scouts NBA, peut potentiellement devenir « l’un des meilleurs pivots de N1, étrangers inclus », pour peu qu’il contrôle son tempérament volcanique. « Quand il l’a décidé, il n’y a pas beaucoup de monde capable de l’arrêter, insiste Fabien Drago. Il faudra qu’on le protège, sachant que les adversaires vont essayer de l’énerver et de le sortir de son match. Si on arrive à l’aider à rester dans le droit chemin, on aura un sacré joueur à notre disposition. Nous voyons le verre à moitié plein avec ce garçon. »
Diagne, Lopez et Nérée, trois renforts affamés
Autour de la colonne vertébrale Redikas – Govindy, on retrouve trois renforts affamés, désireux de franchir un cap dans leur carrière, que ce soit statistiquement ou en termes de temps de jeu : les ailiers Mouhamed Diagne (Souffelweyersheim, Pro B) et Corentin Lopez (Besançon, N1), mais aussi l’intérieur Daryl Nérée, fraîchement débarqué en provenance de Dax/Gamarde (N1). « Ils ont tous un défi personnel, note l’entraîneur. Nous allons faire en sorte d’associer leurs ambitions à celles du club, qui veut confirmer sa place en N1. »
Au besoin, Fabien Drago pourra compter sur quelques trentenaires pour faire passer son message. Outre son « meneur d’hommes » Redikas, le technicien s’appuiera sur le poste 4 monténégrin Sreten Cabarkapa (36 ans), de retour à Kaysersberg après une parenthèse de deux ans au WOSB (N2).
Le shooteur Kevin Walter, qui entame sa sixième saison au KABCA, pourra également servir de relais. L’ailier fort Amar Ndiaye (32 ans) apportera, lui, « sa bonne humeur et son état d’esprit de guerrier ». Enfin, les deux jeunes du cru, Hugo Bourblanc et Arthur Buttner, espèrent prendre une autre dimension sur les lignes extérieures. Le premier nommé avait notamment laissé entrevoir de belles promesses juste avant le confinement, en particulier au scoring.
En passant en revue son effectif, Fabien Drago évoque donc sans surprise un « mélange de jeunesse, d’expérience et de caractère », tout en se félicitant d’avoir « doublé tous les postes ». « Nous avons décidé de ne pas regarder du côté des États-Unis, où le coronavirus fait énormément de dégâts. »
« Cette année, on ne joue pas à la roulette russe »
Le souvenir de l’ailier US Colton Weisbrod, arrivé blessé à Kaysersberg à l’été 2019, a également laissé des traces… « On aurait pu attendre que le marché se casse la gueule pour réussir une bonne pioche, mais comme me l’a dit très justement Dovydas (Redikas) : “Cette année, on ne joue pas à la roulette russe”. »
Ce mot d’ordre a aussi prévalu au sein du comité du KABCA, à l’heure de se projeter sur une nouvelle saison en N1. Par « pudeur » vis-à-vis des entreprises qui souffrent de la crise sanitaire et ont « d’autres soucis » que le basket, le club kaysersbergeois n’a pas inondé ses sponsors d’appels téléphoniques. « Compte tenu des incertitudes financières liées au Covid-19, nous avons réduit notre masse salariale, qui passe de 320 000 à 240 000 euros », indique la trésorière Gaby Firer.
D’autres, comme Feurs et La Charité, ont préféré jeter l’éponge, demandant à être rétrogradés en N2. Cette idée n’a jamais traversé l’esprit des dirigeants vignerons. « À quoi bon suer pendant dix ans pour monter en N1 (en 2018) si c’est pour renoncer ? Par respect pour les partenaires, les fans et la mairie, on se devait de continuer », insiste Fabien Drago.
Reste cette crainte : il n’est pas impossible que « l’écart » entre “KB” et la concurrence se soit « accentué », à l’aube de cet exercice 2020-2021. De Boulogne-sur-Mer au Havre, en passant par Caen, Chartres et Mulhouse, bon nombre d’adversaires du KABCA ont sans doute mieux digéré l’épisode coronavirus. Ils représentent de surcroît des « grandes villes », qui alignent les subventions à six chiffres.
Même s’il ne se plaint pas du soutien municipal (65 000 euros par an), le club kaysersbergeois ne pèse pas lourd, à côté des mastodontes de sa poule. « Mais paradoxalement, sur le plan sportif, je pense qu’on est plus fort que ces deux dernières saisons », glisse le coach. Rendez-vous à l’automne pour un début de réponse…
(*) Redikas a remporté le Mondial U19 en 2011, mais a aussi été sacré champion d’Europe U16, U18 et U20 en 2008, 2010 et 2012.