Rien n’a fonctionné comme prévu vendredi soir, face à Lyon. Sur le coup des 22 heures, on a vu des joueurs et un staff sonnés, comme l’ensemble de la salle Faller. Le KABCA a bu la tasse et concédé une première défaite ennuyeuse à défaut d’être alarmante. Reste à savoir quelle portée il faut lui donner et quelle incidence elle aura sur la suite.
Tout le monde a été pris de court par la contre-performance de « KB », à commencer par Fabien Drago qui avouait : « Je ne ‘attendais à revivre le même scénario que contre Mulhouse ». Et l’entraîneur de développer : « On fait un premier quart-temps intéressant, où je pense qu’on manque le coche. Quand Maxence (Dadiet) rate son smash en voulant faire le spectacle, c’est un coup d’arrêt. On est dans un temps fort et on aurait pu leur mettre la tête sous l’eau plus longtemps. Là, c’est l’inverse qui se produit. Ça redonne confiance à l’adversaire. Avant le match, on avait parlé de simplicité dans le jeu, d’efficacité, de ne pas faire de « olé-olé » avant la victoire. Pour moi, cette action est un peu caricaturale du scénario du match ensuite. C’est presque là qu’on a arrêté de jouer. Même si on est encore à +10, ce n’est plus la même chose. L’équipe en face reprend ses esprits et jusqu’à la mi-temps, on est en roue libre de ce qu’on a produit dans les premières minutes. Ensuite, on essaye de rester organisés, solidaires, pour que la machine puisse se remettre en route. Mais en face, l’adversaire durcit le ton, dans les contacts, les contestations de déplacement qu’on veut avoir, et ça se traduit par trois derniers quart-temps qu’on perd de 20 points. Tout le monde peut jouer un quart-temps, mais à ce niveau, il faut jouer les 4. »
Au-delà de ce retour sur le match en lui-même, le technicien livre une analyse plus globale des moments qui composent un match. « En N1, il y a des temps forts et des temps faibles. Quand tu es dans des temps forts, il faut jouer juste et les faire durer le plus longtemps possible. C’est défendre fort dans les premières minutes, faire des stops, repartir de l’avant et assurer les paniers faciles. En étant réaliste, le match peut se dérouler différemment. » Il est vrai que même en menant 19-9 après 10 minutes, Kaysersberg n’a pas profité pleinement de l’indigence lyonnaise de ce début de match traduite par un 4/22 aux tirs et un 1/7 aux lancers-francs.
Ensuite, le match a tourné : « Pendant les temps faibles, tu essayes de calmer parce qu’il faut laisser passer l’orage et repartir de plus belle, Quand tu n’arrives pas à les arrêter et que tu continues sans rien changer dans ta façon de les affronter, l y a des gros trous d’air qui sont difficilement remontables. »
Le fait est qu’entre 23-11, l’écart maximal pour le KABCA à la 13e et 46-64 à la 36e, l’écart maximal pour Lyon, Kevin Walter et ses coéquipiers ont encaissé un 53-23 en 23 minutes qui laisse songeur, et lors duquel tout le monde a coulé, tant individuellement que collectivement. Certaines statistiques sont d’ailleurs impitoyables. Un 0/14 à 3 points avant la première réussite dans cet exercice de Naylor à la 36e ou 14 pertes de balle dans les 2e et 3e quart-temps traduisent bien la faillite de toute une équipe.
Fabien Drago insistait d’ailleurs sur l’aspect collectif de ce naufrage : « On a de la qualité, du physique, mais il faut qu’on joue en équipe. Chacun doit être à sa place. A un moment donné, tout le monde veut le ballon, croit avoir la solution et tombe dans le piège de vouloir sauver l’équipe individuellement. Il n’y a plus d’écrans, plus d’annonces, de jeu en équipe. Chacun espère ou essaye seul, et à la fin, ça ne marche pas. Il y a un meneur, Yanik ou Martin. Il donne des consignes, et les gars doivent faire ce qu’on leur dit, et le faire le mieux possible. Malheureusement, des joueurs ont inventé des consignes qui n’ont pas été données, Quand tu en as deux qui croient jouer un play et que tu en as trois autres qui sont partis sur autre chose, ça devient impossible. On doit rester dans les consignes. On a défini quelque chose. Et le meilleur moyen d’exprimer le jeu en collectif, c’est de rester concentrés sur ce qu’on a défini ensemble. Surtout que Jordan (Faligant) fait un gros boulot pour décortiquer le jeu de l’adversaire, les caractéristiques de chaque joueur adverse »
La question est maintenant de savoir s’il faut déjà s’alarmer après cette entame ratée. Fabien Drago a se petite idée sur la question : « Non, ça ne m’inquiète pas. C’est le signe que l’équipe est gérée par une majorité de joueurs jeunes, donc qui doivent apprendre. C’est un peu le défi que j’ai relevé, des joueurs bourrés de talent, avec de la qualité, mais qui doivent comprendre que le basket, ce n’est pas ce qu’on fait dans la rue, ni à l’entraînement. Il faut garder la tête froide. S’il y a une qualité que les joueurs doivent acquérir en jouant chez nous, c’est vraiment celle-là. La jeunesse montre des signes de nervosité, d’impatience. On a des objectifs statistiques clairs pour chaque match. Cette fois, aucun n’a été atteint. Tout le monde est en échec »
Les plus optimistes après les matchs de préparation et avant le coup d’envoi de cette première rencontre voyaient déjà « KB » jouer les tout premiers rôles de la N1. Les plus pessimistes après ces 40 premières minutes diront qu’une nouvelle saison galère s’annonce. La vérité se situe certainement entre les deux. Aux joueurs de travailler, d’apprendre à jouer l’un pour l’autre et pas l’un à côté de l’autre pour faire en sorte que le plus rapidement possible, on soit plus près de la première que de la deuxième hypothèse.