Un sport de dingues

L’histoire du basket est jalonnée de renversements de situation incroyables qui font la beauté de ce sport, et qui les font raconter ensuite par ceux qui en ont été les témoins à ceux qui n’ont pas eu la chance d’y assister. Et comme elles s’embellissent au fil des ans, il n’est pas exclu que dans les versions de ce Kaysersberg- Bordeaux telles qu’elles seront racontées en 2 040 ou 2 050, KB ait eu 50 points de retard, que Sreten Cabarkapa ait arraché un rebond à un pivot de 2m 50, ou que Kevin Walter ait inscrit un trois points à 25 mètres du panier ! En attendant que la légende urbaine se charge de déformer et d’amplifier ces 40 minutes, contentons-nous déjà de savourer ce formidable succès venu de nulle part. Parce que si le KABCA n’a pas été mené de 50 points, il en a tout de même compté 19 de retard après 25 minutes de jeu face à une équipe de Bordeaux en réussite totale et qui a trouvé les ressources pour tout renverser. « Je me doutais que ce serait compliqué parce qu’en face il y a d’abord des joueurs de n1 » constatait Fabien Drago à l’issue du match. « En première période, Bordeaux a un pourcentage de réussite insolent à mi-distance, ils jouent très juste, avec des choix judicieux. On est systématiquement en retard, on n’est pas dedans. Il manque toujours un petit geste. Quand on croit qu’on a fait le plus dur, l’adversaire trouve la solution dans le pick ou le drive, dans la passe. Ils nous ont fait ch…du début jusqu’à presque la fin »

Il a donc fallu sérieusement réajuster le tir à la mi-temps : « J’ai dit à mes joueurs à la mi-temps, en dédramatisant : oui, on est à -11, oui on joue mal, oui ils sont adroits. Mais il y a de bonnes choses aussi, positives. Dans la raquette, on avait un très bon pourcentage avec Ousseynou et Cédric. Il fallait donc continuer à amener la balle dedans, continuer à provoquer des fautes. Au niveau émotionnel, c’était terrible. Plusieurs fois j’ai cru qu’on allait sombrer de nouveau, que ça n’allait pas passer tellement ils étaient adroits. Ce qui est fantastique, c’est qu’on a trouvé à un moment donné 5 joueurs qui ont réussi à mettre en difficultés cette équipe de Bordeaux, qui ont réussi à communiquer, à collaborer. Il a fallu aller chercher deux ou trois ballons cruciaux au rebond, Il y a eu du courage, de l’énergie, de la solidarité »

 

Sur le terrain aussi, on a souffert, on a douté, on y a cru et on a fini par faire plier l’adversaire, à l’image du vieux guerrier Sreten Cabarkapa, initiateur de la révolte avec deux paniers primés après un 0/13 de l’équipe à 3 points : « Je ne sais pas quoi dire. Franchement, quand on était à -20 à domicile sans réagir, c’était à vomir. On a eu le pire, une équipe où on joue à toi à moi, on rate une passe, un tir, et on se dit que c’est pas grave. Avant de penser à marquer, il faut penser à se battre en défense et pour le club, ne pas passer notre temps à se regarder et à dire que c’est la faute de l’autre. Heureusement, on a réagi, et à un moment donné, on a basculé en équipe qui joue vrai, qui défend. On a mis du cœur, on s’est battus, on a prouvé qu’on pouvait faire quelque chose. On s’est donnés, on a retrouvé la fierté de se battre pour notre maison, on est revenus, on a gagné, bravo ! »

On ne mesure peut-être pas encore l’importance de ce succès arraché envers et contre tout.  Mais la conclusion de Fabien Drago la met en exergue : « Ce soir, beaucoup attendaient de voir notre équipe, et certains en ont même douté. On a eu des moments creux, mais il fallait juste prendre ce match, et on a gagné, et c’est ça aussi l’identité Kaysersberg. Il fut un temps, on perdait ce type de rencontres, et je retiens cette victoire comme quelque chose de magnifique. Je suis content pour tous ceux qui nous ont applaudis et poussés ce soir, et pour mes joueurs. Maintenant, ça pourrait sentir très bon si on ramène quelque chose de Dax »

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